Cette nouvelle est la première que j'ai écrite en participant à l'atelier d'écriture de mon lycée en 2008-2009. Le thème était d'écrire une nouvelle sur la couleur, mais pas seulement. Il fallait que l'on ressente la signification de la couleur choisie.
Quand on nous offre la possibilité de participer à un atelier d'écriture il ne faut pas avoir peur. Un atelier de cette ordre est bénéfique pour n'importe quelle personne qui souhaite écrire on apprend beaucoup de chose durant ces exercices. De nombreux conseilles nous sont révélés et précieux.
C'était la nuit, Léna venait d'arriver à la fête organisée pour l'anniversaire de son cousin. Celle-ci se passait dans un gîte, des lumières rouges, vertes, oranges, bleues et blanches scintillaient au niveau des gouttières. Un groupe de pop reggae jouait, la musique résonnait au loin. Elle entendait des cris, des rires, des explosions de joie, ça allait être une superbe soirée !
Léna était une jeune femme âgée d'environ dix-sept ans, ses longs cheveux ondulés et bruns virevoltaient sur la droite sous l'effet de cette petite brise qui passait derrière son cou. Au fil de son avancée vers le gîte, ses yeux magnifiquement dessinés en amande brillaient de mille feux, leur couleur bleue rayonnait au clair de lune. Son regard était parfaitement accentué par le maquillage ainsi que par les quelques lumières blanches qui étaient sur son passage. On pouvait y observer la gentillesse pure et on s'y serait plongé pour l'éternité. Les lumières rouges valorisaient ses pommettes habituellement pâles et ses lèvres de couleur parme étincelaient. Sa robe rouge laissait transparaître ses délicates formes qui se balançaient par sa démarche de jeune femme.
Léna, qui était mélomane, écoutait la musique. Même si elle était présente physiquement, mentalement elle était ailleurs auprès de sa cousine malade. Elle décida de l'appeler. Elle sortit donc de son sac à main son portable et composa le numéro. Au bout de deux sonneries, sa cousine décrocha. Celle-ci s'aperçut au ton de Léna, qu'elle s'inquiétait pour elle. Elle voulait la rassurer, en lui disant qu'elle s'amusait, que le traitement était moins lourd que prévu. Léna ressentait le malaise, elle raccrocha, et son sentiment de peur s'était accru. Malgré cela, elle choisit de se mêler à la foule. Pour oublier ses problèmes, elle se noya dans l'alcool. Elle se fit remarquer par un homme qui avait dix ans de plus qu'elle, il l'avait séduite avec des mots complètements banals mais elle se sentait aimée pour ce qu'elle était. Il l'avait ramenée chez lui, cette nuit-là, elle avait été naïve.
Il la serra dans ses bras, lui faisant croire qu'elle était son paradis, elle le crut trop facilement et décida de s'abandonner à lui. Il l'embrassa, la caressa et parvint à ses fins. Elle se laissa faire malgré une réticence qu'elle refusa d'exprimer à son partenaire. Quand il se fut endormi elle ne put s'allonger auprès de son amant car elle avait réalisé sa bêtise. Elle s'était perdue dans les bras d'une personne qu'elle ne connaissait pas et lui avait donné une chose pure.
Pendant cette même nuit, un jeune homme du nom de Jeff qui habitait à plusieurs kilomètres de là, dormait dans sa chambre. Il fut transporté plusieurs années en arrière, quand il était enfant. Il rêvait d'un nuit, où la lune brillait d'une lumière aveuglante. Sa sœur, qui était un nourrisson, dormait dans la chambre d'à côté. Cette nuit-là, il avait senti une odeur de brûlé, avait entendu des crépitements. Les pleurs de sa sœur l'avaient réveillé. Il s'était levé et dirigé vers la porte de sa chambre. Il avait vu que personne ne pouvait y accéder. Ses parents l'avaient obligé à sortir, il avait pris les escaliers. Il avait croisé des pompiers qui allaient enfoncer la porte. Jeff était dehors, le vent était glacial. Il regardait la chambre qui brûlait. De la fumée noire s'échappait des fenêtres. Quelques minutes après avoir croisé Jeff, les pompiers étaient ressortis de la maison. Les deux premiers pompiers avaient baissé la tête en croisant le regard interrogateur de Jeff, quand au troisième, il s'était dirigé vers ses parents avec un drap de lin noir entre les bras, comme si quelque chose de précieux y était enveloppé. Le pompier avait déposé le drap sur le sol. Sa mère criait et pleurait. Jeff s'était aperçu qu'il s'agissait d'un corps. Celui de sa sœur. La vision du corps inanimé le réveilla d'un bond en criant. Ses cheveux bruns étaient mouillés comme s'il venait de prendre une douche, de ses yeux marron-vert coulaient des larmes et de son corps légèrement mat ruisselait de la sueur.
Chacun d'entre eux essayait de vivre avec un secret plus ou moins difficile à garder sur la conscience. Chaque jour, elle essayait d'oublier ses problèmes, comme lui de son côté le faisait depuis des années puisqu'il voulait que personne n'apprenne ce terrible accident qui l'avait perturbé étant enfant et fait devenir un garçon bagarreur.
Léna et Jeff se connaissaient mais ne se parlaient jamais. Une nouvelle année commençait au lycée, tous deux se trouvaient dans la même classe, elle ne cherchait pas à parler aux autres. Elle n'avait plus la joie de vivre, se sentait honteuse et allait se réfugier dans la salle de théâtre pour être seule et pleurer sans que personne ne lui demande ce qu'elle avait.
Jeff traînait avec ses amis dans le lycée, marchait bancalement avec des pantalons trop larges comme tout ce qu'il portait. En cours, il faisait celui qui se moque de tout et misait tout sur sa belle gueule. Même s'il était intelligent, il le cachait pour ne pas perdre sa virilité.
Le mercredi soir suivant, Léna pour une fois ne s'était pas endormie en pleurant. Elle rêvait de la salle de théâtre où comme toujours elle se trouvait, mais dans son songe elle n'était pas seule. Jeff était présent et la consolait, du sang coulait le long de sa main. Il lui appliquait un mouchoir en tissu pour arrêter le saignement de ses scarifications. Dans un mouvement involontaire, leurs lèvres se touchèrent et une passion submergea leurs corps. Jeff caressait les cheveux de Léna. Quant à elle, elle lui caressait le visage. Ils s'embrassèrent avec passion et ils s'allongèrent sur le plateau. Elle sentait les mains de Jeff se balader sur son bassin et ses hanches. Mais elle se réveilla, tout en se demandant pour quelle raison elle avait rêvé de Jeff alors qu'il ne s'agissait que d'une connaissance. Mais ce qui la perturbait le plus, était qu'elle avait ressenti chaque geste de Jeff sur son corps. Elle décida de se lever et d'aller boire. Sa mère lui demanda quels étaient ces gémissements qu'elle avait entendus. Léna répondit qu'elle l'ignorait mais sa mère insista. La jeune fille se mit en colère. Léna préféra retourner dans sa chambre en claquant la porte, et elle se mit à pleurer car elle cherchait à savoir pourquoi Jeff était présent dans ses rêves et pourquoi elle le désirait.
Le lendemain matin, Léna se rendit au lycée avec la peur au ventre. Le fait de penser le croiser dans les couloirs du lycée la terrifiait. La cloche venait de sonner pour indiquer la fin de l'heure. Léna sortit de son cours pour se diriger vers sa salle, solitaire. Jeff, qui était dans la salle d'à côté, passa devant elle. Léna faillit buter dans une personne, c'était Jeff. Quand elle croisa le regard de celui-ci, le bref instant qu'elle le regarda dans les yeux, elle revit le rêve qu'elle avait fait la nuit passée. Elle pendait à l'attirance qu'elle ne devait pas ressentir pour celui-ci.
Léna prit peur. Elle baissa ses yeux comme s'il y avait eu quelque chose de plus intéressant sur le sol. Elle se retourna d'un air tétanisé pour encore éviter de le regarder et se dirigea vers l'escalier qui conduisait à la salle de théâtre. Jeff l'avait évitée et sourit pour s'excuser. Il la connaissait de vue, et de réputation. Il continua son chemin en compagnie de ses amis. Soudain, il s'arrêta : il ne comprenait pas pourquoi Léna l'avait évité et était partie terrifiée alors qu'ils ne se connaissaient même pas. Il expliqua à ses amis qu'il avait oublié de faire une chose importante et qu'il les rejoindrait un peu plus tard. Il se dirigea également vers la salle de théâtre.
Pendant ce temps-là, Léna était dans la salle de théâtre. Elle était spacieuse, un piano se trouvait à côté de la porte d'entrée, des fauteuils rouges étaient disposés comme dans une salle de cinéma. Au fond de la salle se trouvait une scène avec des rideaux également rouges.
Léna qui était dans le fond de la salle, sortit de son sac un couteau. La lame de celui-ci était fine et brillante, elle rayonnait par les quelques lumières qui se trouvaient sur la scène. Elle sortit également une feuille de papier à lettre blanche. Elle se saisit d'un stylo pour écrire ses dernières volontés et les raisons de son geste. En quelques minutes son esprit fut scellé à la lettre, des larmes de tristesse coulaient le long de ses joues roses. Elle reprit dans ses mains le couteau, remonta la manche de son avant-bras gauche, elle passa délicatement la lame le long de son bras. Les anciennes scarifications étaient toujours présentes.
Elle pensait à ses proches, qui allaient lui manquer, mais elle se sentait honteuse, n'avait plus d'espoir. Elle ne pensait plus à l'avenir, le temps s'était arrêté !
La porte de la salle s'ouvrit, Jeff apparut. Léna cacha le couteau dans son manteau. Jeff se dirigea vers elle pour lui parler, il lui demanda avec gentillesse les raisons de son attitude envers lui alors qu'ils ne se connaissaient pas. Pourquoi l'évitait-elle ? Léna le rejetait pour qu'il ne puisse pas s'apercevoir de son objectif futur. Dans un ultime repoussement, Jeff s'aperçut du sang qui coulait le long du bras de Léna. Il lui demanda des explications, mais comme celle-ci ne voulait lui répondre, il lui exprima ses angoisses qu'il avait depuis qu'il avait perdu sa petite sœur. Elle lui avait rétorqué par des coups et des larmes les raisons de son suicide prochain. Jeff lui offrit un mouchoir blanc pour essuyer les larmes ainsi que le sang de ses égratignures.
Par ces confessions, ils eurent la même pensée, prendre la main de l'autre pour lui faire le serment que personne ne saurait ce qui s'était passé dans ce théâtre. Les confessions qu'ils garderaient pour eux et qu'ils seraient là l'un pour l'autre en cas de problème. Jeff prit Léna dans ses bras et la serra contre lui. Elle sentait les battements de son cœur, ce qui la calmait. Celle-ci releva les yeux vers son protecteur ; ils se regardèrent pendant quelques secondes ; leurs deux têtes se rapprochèrent.
En elle battaient de nouvelles mélodies. Elle se leva et se dirigea vers le piano. Elle retira son long manteau noir qu'elle laissa tomber à ses pieds. Jeff éteignit toutes les lumières de la salle sauf celle qui éclairait Léna qui avait posé ses deux mains sur les touches noires et blanches du piano. Son bustier rouge brillait et émerveillait les yeux de Jeff, qui s'approcha d'elle. Léna commença à jouer une mélodie douce. Des paroles claires accompagnées d'une voix mélodieuse furent audibles. Jeff lui exprimait son contentement par des sourires chaleureux. Au fil de la chanson des larmes coulèrent sur son visage.
C.D-V

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire